Comprendre la peine d'escroquerie : sanctions et défense

L’escroquerie est une infraction souvent associée à des litiges financiers ou commerciaux, mais elle peut également concerner des particuliers, des dirigeants ou même des proches dans des situations tendues. D’un simple usage de fausse qualité à une fraude plus structurée, les sanctions peuvent être très lourdes. Connaître la peine d’escroquerie prévue par la loi, ainsi que les marges de défense, est indispensable pour agir efficacement.

Dans cet article, nous vous présentons la définition juridique de l’escroquerie, les peines applicables selon les cas, les exemples de condamnations courantes et les meilleures stratégies pour vous défendre.

Escroquerie : définition juridique

Que dit le Code pénal ?

L’article 313-1 du Code pénal définit l’escroquerie comme le fait de tromper une personne physique ou morale, par l’usage de manœuvres frauduleuses, pour obtenir un bien, un service, de l’argent ou un consentement.

Cette tromperie peut se manifester par :

  • une fausse qualité (se faire passer pour quelqu’un d’autre),

  • une fausse promesse (promettre un remboursement ou une livraison sans intention de le faire),

  • l’usage de documents falsifiés ou de faits inexacts.

L’escroquerie suppose donc une intention claire de tromper et un préjudice concret pour la victime.

Différence entre escroquerie, abus de confiance et vol

  • Vol : soustraction d’un bien sans consentement.

  • Abus de confiance : détournement d’un bien remis volontairement.

  • Escroquerie : obtention d’un bien ou d’un service par la tromperie.

Ce qui distingue l’escroquerie est la ruse ou la manipulation préalable, qui pousse la victime à agir contre ses intérêts.

Éléments constitutifs de l’infraction

Trois éléments doivent être réunis pour que l’escroquerie soit caractérisée :

  1. Une manœuvre frauduleuse ou un stratagème,

  2. Un préjudice financier pour la victime,

  3. Une intention délibérée de tromper.

Exemple : Un individu se fait passer pour un agent immobilier et collecte des acomptes pour des appartements inexistants. L’infraction d’escroquerie est caractérisée.

Peines encourues en cas d’escroquerie

Peine de base : prison et amende

L’escroquerie simple est punie par l’article 313-1 du Code pénal de :

  • 5 ans d’emprisonnement,

  • 375 000 euros d’amende.

Ces peines peuvent être prononcées pour une seule opération frauduleuse, même si le montant est modeste. Ce qui est jugé, c’est autant l’intention que le stratagème employé.

Exemple : Un individu vend un bien fictif sur Internet en usurpant une identité. Il peut être condamné à une peine ferme même si la somme est inférieure à 1 000 €.

Circonstances aggravantes

La peine est portée à 7 ans de prison et 750 000 € d’amende lorsque l’escroquerie :

  • est commise en bande organisée,

  • vise une personne vulnérable (âge, santé),

  • implique l’usage d’un faux document ou une fausse qualité réglementée (policier, avocat, agent public).

En cas de récidive ou de pluralité de victimes, les juridictions peuvent accumuler les peines et refuser les aménagements.

Peines complémentaires

Selon la gravité, les tribunaux peuvent également prononcer :

  • une interdiction d’exercer une profession (comptabilité, commerce, santé, banque...),

  • une confiscation des biens ou sommes escroquées,

  • l’inscription au casier judiciaire B2 et B3, bloquant l’accès à certains emplois.

Peine d’escroquerie en cas de tentative ou de complicité

Tentative d’escroquerie : mêmes peines ?

Oui. Conformément au Code pénal (articles 121-4 et suivants), la tentative d’escroquerie est punie comme l’infraction accomplie, dès lors qu’il y a eu un commencement d’exécution :

  • début de la manipulation,

  • contact avec la victime,

  • mise en œuvre de la fausse qualité ou du faux document.

Il n’est pas nécessaire que l’escroquerie aboutisse : le simple fait d’avoir tenté de tromper une personne suffit pour être condamné.

La peine encourue reste donc 5 ans de prison et 375 000 € d’amende, voire davantage en cas de circonstances aggravantes.

Complice ou bénéficiaire : ce que l’on risque

La complicité d’escroquerie est punie comme l’auteur principal si l’on a :

  • aidé à concevoir la fraude (ex : création d’un faux site, fourniture de faux documents),

  • bénéficié en connaissance de cause des fruits de l’escroquerie (ex : virement reçu, logement payé…).

Exemple : Une personne hébergeant un escroc et recevant sur son compte les fonds escroqués peut être poursuivie comme complice ou pour recel d’escroquerie.

Exemples de condamnations pour escroquerie

Affaires simples (cartes bancaires, fausses factures…)

Les juridictions correctionnelles prononcent régulièrement des peines pour des escroqueries dites "du quotidien" :

  • Usurpation d’identité pour ouvrir une ligne de crédit,

  • Utilisation frauduleuse de carte bancaire en ligne,

  • Fausse facture envoyée à une entreprise pour obtenir un virement.

Exemple : Un homme ayant commandé 3 smartphones en ligne avec une fausse carte d’identité a été condamné à 12 mois de prison dont 6 mois avec sursis, plus une interdiction bancaire de 5 ans.

Escroqueries complexes ou en réseau

Quand l’escroquerie est le fruit d’un montage structuré (usine à faux documents, réseau international), les peines deviennent beaucoup plus lourdes :

  • 4 à 7 ans de prison ferme pour escroquerie en bande organisée,

  • interdictions professionnelles longues,

  • saisies de patrimoine, y compris à l’étranger.

Exemple : Dans une affaire de faux investissements immobiliers, les prévenus ont écopé de 5 à 8 ans de réclusion, avec 2 millions d’euros de confiscation.

Jurisprudence : analyse de décisions récentes

  • Cour d’appel de Paris, 2023 : 3 ans ferme pour un faux courtier qui avait escroqué 100 000 € à plusieurs clients en ligne.

  • Tribunal de Bobigny, 2022 : 18 mois dont 10 avec sursis pour une femme ayant simulé une grossesse pour obtenir des aides sociales indues.

Ces décisions montrent que la personnalité du prévenu, ses antécédents, et l’attitude pendant l’enquête jouent un rôle central dans le choix de la peine.

Limiter ou éviter une peine pour escroquerie

Défenses classiques : absence de manœuvre frauduleuse, consentement, erreur

Une ligne de défense efficace peut reposer sur la contestation de l’un des éléments constitutifs de l’infraction :

  • absence de manœuvre trompeuse : le contrat ou l’accord était légalement valide,

  • erreur sur l’intention : le prévenu pensait pouvoir honorer sa promesse ou livrer le bien,

  • accord tacite ou ambigu de la victime : le contexte n’était pas une escroquerie mais un litige civil.

Exemple : Un artisan accusé d’escroquerie peut prouver qu’il n’y a pas eu tromperie mais litige sur un retard ou une malfaçon. L’affaire peut alors être requalifiée ou classée.

Négociations avec le parquet : CRPC, aménagements

Dans les cas où les faits sont reconnus ou avérés, il est possible de :

  • négocier une Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité (CRPC) pour éviter la détention,

  • rembourser la victime pour bénéficier d’un allègement de peine,

  • solliciter un aménagement de peine (bracelet électronique, sursis avec mise à l’épreuve).

Ces solutions permettent de réduire l’impact d’une condamnation sur la vie personnelle et professionnelle.

L’importance d’une stratégie sur-mesure avec un avocat pénaliste

Chez Teboul Avocats, nous intervenons :

  • en amont (audit du dossier, gestion des convocations),

  • pendant l’enquête (auditions, stratégie de communication),

  • à l’audience (négociation avec le parquet, plaidoyer technique et humain).

Nous avons obtenu :

  • des classements sans suite pour absence de preuve de tromperie,

  • des relaxes sur des litiges commerciaux déguisés en escroqueries,

  • des peines alternatives personnalisées pour protéger la réputation et la carrière de nos clients.

Conclusion

La peine d’escroquerie peut varier de quelques mois à plusieurs années de prison selon la gravité des faits, les montants en jeu, la structure de la fraude et le profil du mis en cause. Mais dans bien des cas, une défense adaptée, construite avec rigueur dès les premières heures, permet de faire requalifier les faits, de limiter les sanctions, voire d’obtenir une relaxe. Tout repose sur la capacité à démontrer l’absence d’intention frauduleuse, à contextualiser les actes et à anticiper chaque étape de la procédure.

Chez Teboul Avocats, nous mettons notre expertise du droit pénal des affaires au service d’une défense sur-mesure, humaine et stratégique. Confronté à une accusation liée à une peine d’escroquerie ? Ne laissez pas la procédure vous dépasser. Parlons-en rapidement et construisons ensemble la réponse adaptée.